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Le manager ! Ce personnage semble cristalliser toutes les frustrations du monde professionnel, omniprésent dans les discussions et publications sur LinkedIn et Facebook. À croire qu’il est devenu un rite de passage de se plaindre de son manager, un rituel où chacun partage son anecdote pour souligner combien “les managers” sont la source de tous nos maux. Entre critiques sur leurs décisions, manque d’écoute et méthodes parfois jugées dépassées, le manager est devenu un sujet de mécontentement inépuisable.
Mais derrière ce portrait, est-il réellement aussi insupportable que le décrivent les posts Linkedin ? Ou est-ce que ce rôle devient simplement la cible facile de nos frustrations ? Peut-être que certains managers ne sont pas toujours à la hauteur de nos attentes, mais il est aussi possible qu’on projette un peu trop de nos déceptions sur eux.
À cela s’ajoute la tendance inquiétante et insupportable de certains “coachs” qui surfent sur la vague des critiques managériales, en exploitant des discours sur le « management toxique » pour attirer l’attention de potentiels clients. En promouvant une image sombre et manipulatrice du management, ils créent une sympathie autour de la figure de l’employé incompris et opprimé, bien souvent pour servir leurs propres intérêts.
Essayons de démêler cette relation complexe, non pas pour défendre ou accuser, mais pour comprendre ce qui nourrit tant de ressentiment.
Premier symptôme : “Il n’écoute jamais mes idées”
Côté Équipe
Combien de fois avons-nous affirmé que notre idée était « révolutionnaire » et que si le manager nous écoutait, l’entreprise serait métamorphosée ? Mais après la quinzième version de cette idée rebrandée, il est possible que le manager finisse par lâcher prise (étrange, n’est-ce pas ?). Entre les urgences et nos propositions visionnaires, il doit parfois faire le choix de prioriser.
Côté Manager
Pour lui, écouter chaque idée brillante serait sans doute enrichissant… si les journées duraient 48 heures ! Entre réunions, échéances et dossiers en feu, il ne peut consacrer une heure à chaque nouvelle proposition. Alors oui, parfois, il opte pour un silence stratégique — et vous savez quoi ? Ça peut être thérapeutique.
“Il ne connaît rien au métier, il vit dans sa tour d’ivoire”
Côté Équipe
C’est l’accusation classique : le manager, déconnecté de la réalité quotidienne, incapable d’envoyer un email sans se tromper. Il est difficile de le prendre au sérieux lorsqu’il donne des directives, comme s’il maîtrisait chaque détail de notre travail.
Côté Manager
Il fait ce qu’il peut. Entre urgences, projets en retard et directives changeantes, il n’a peut-être pas le temps de se plonger dans chaque technique. Peut-être a-t-il même occupé notre poste avant d’être promu, et il s’attend à ce qu’on prenne le relais technique. Au fond, n’est-il pas gratifiant d’être l’expert que l’on vient consulter ?
“Il nous surcharge de travail ! Un tyran !”
Côté Équipe
Quand la charge devient écrasante, difficile de ne pas voir le manager comme un tyran. On dort presque avec nos présentations PowerPoint, pendant que lui, confortablement installé, nous bombarde de nouvelles échéances.
Côté Manager
De son côté, le manager subit aussi la pression. Entre objectifs inatteignables et budgets réduits, il doit souvent exiger l’impossible, non par plaisir mais pour préserver sa propre position. Après tout, un peu de pression est, dit-on, le moteur de la créativité… à condition de savoir où placer les limites.
“Il change tout le temps d’avis !”
Côté Équipe
Parfois, suivre le manager revient à slalomer : à droite un jour, à gauche le lendemain. Cette impression d’improvisation crée une frustration grandissante.
Côté Manager
Le manager, lui, essaie tant bien que mal de suivre la direction dans un environnement en perpétuel changement. Entre directives et réajustements stratégiques, il doit naviguer en jonglant avec nos attentes. Ce n’est pas toujours évident, mais peut-être ajoute-t-il un peu de piment à la routine ?
L’effet “Groupe de soutien anti-manager”
Côté Équipe
Lors des pauses, entre deux bouchées, on partage nos griefs contre le manager, transformant la moindre contrariété en récit épique. Ces moments de thérapie collective amplifient souvent chaque détail, jusqu’à créer une image presque héroïque du martyr que nous serions devenus.
Côté Manager
Lui, il n’en saura probablement jamais rien. Mais cet effet de groupe a un pouvoir amplificateur, et il est probable que nous exagérions un tantinet. Car non, notre manager n’est peut-être pas le méchant de conte de fées qu’on adore dépeindre… mais c’est tellement plus amusant de le voir comme ça !
Une relation d’amour-haine ?
En fin de compte, entre les attentes de l’équipe et les contraintes du manager, cette relation est peut-être moins dramatique que l’on veut bien le croire. La prochaine fois que nous lancerons un « Mon manager est insupportable », pourquoi ne pas aussi se souvenir des moments où il nous a soutenus, où il a partagé un rire avec nous, ou où il a simplement fait de son mieux ?