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Imaginez la scène : vous êtes tranquillement assis dans un petit café de Tana, en train de siroter votre café bien corsé et de vous perdre dans le chaos ambiant de la capitale. À côté de vous, deux amis discutent à voix basse mais avec une certaine insistance. On les connaît, ce sont les “cousins par alliance de la belle-sœur du voisin de l’oncle”, ceux qui ont toujours une opinion bien arrêtée sur tout. Et aujourd’hui, le débat est lancé : faut-il vraiment avoir un diplôme pour réussir ici, à Madagascar ? L’un des deux, un fervent adepte des “self-made men” à l’américaine, clame haut et fort : “Mais non, le diplôme c’est dépassé ! Regarde Elon Musk ! Steve Jobs ! Eux, ils ont quitté l’école et ils ont percé !” L’autre, plus réservé, le laisse s’enflammer avant de lâcher : “Oui, mais on n’est pas en Californie, et tu n’es pas Elon Musk.”
Il faut bien admettre qu’à Madagascar, la question divise. De plus en plus de jeunes (et de moins jeunes) se demandent si les diplômes valent encore l’investissement, surtout face à des parcours de réussite atypiques et sans formation traditionnelle qu’on retrouve sur YouTube ou dans les livres de développement personnel. Le diplôme est-il devenu un vieux papier poussiéreux, un gadget hors de prix ? Ou reste-t-il malgré tout un sésame nécessaire pour ouvrir les portes du succès ? Spoiler : la réponse est un peu plus complexe qu’un simple oui ou non. Et, à contre-courant des modes, je vais oser le dire : Oui, un diplôme, ça aide quand même pas mal à Madagascar.
Le diplôme : un sésame (pas si) magique
Contrairement aux clichés, la vie professionnelle à Madagascar ne fonctionne pas comme une télé-réalité où l’on peut débarquer avec un sourire, un petit business plan et un compte Instagram bien fourni pour être propulsé au sommet. La réalité est souvent plus terre-à-terre : ici, le diplôme reste une forme de garantie, une preuve de compétence. Il est bien plus difficile de convaincre un employeur malgache ou même un partenaire de vous faire confiance uniquement parce que vous avez une idée “géniale” – surtout dans un pays où le marché du travail est déjà saturé et compétitif.
Bien sûr, on me rétorquera qu’il existe des exceptions – des génies sans diplômes qui ont révolutionné leur domaine, qui ont su percer dans l’artisanat ou la tech sans avoir mis un pied à l’université. Mais soyons honnêtes : ces réussites sont rares et, souvent, elles exigent un réseau, un soutien financier et un esprit d’innovation bien plus important que ce qu’on pourrait penser.
Car oui, dans la vraie vie, beaucoup de “self-made” ont une famille qui les soutient (financièrement, c’est mieux), des contacts dans des cercles influents, et surtout, une sacrée dose de chance. Pour le commun des mortels, un bon vieux diplôme reste une garantie de compétence.
Le poids du diplôme sur le CV : et la magie opère !
A Mada, la concurrence est féroce, les entreprises préfèrent encore voir un CV bien rempli et bien diplômé, même si, en coulisses, elles sont parfois prêtes à se plaindre de la “théorie qui manque de pratique”. En revanche, débarquer sans diplôme, c’est un peu comme frapper à la porte d’un club privé sans invitation.
Les portes s’ouvrent, certes, mais à moitié, et à condition que vous puissiez montrer autre chose de vraiment impressionnant derrière. Le diplôme, même imparfait, reste un gage de crédibilité. Il donne une première chance, un premier pied dans l’engrenage. Et ne sous-estimons pas la force d’un bon stage ou d’une première expérience professionnelle grâce à ce fameux bout de papier !
Les études, ça forme… même quand ça ne forme pas
On sous-estime souvent les effets de l’éducation, bien au-delà de l’apprentissage théorique. Un parcours universitaire, ce n’est pas qu’un programme rempli de cours et d’examens ; c’est aussi un espace d’apprentissage social, un endroit où l’on forge des amitiés, des contacts et des compétences bien plus vastes qu’une simple matière. La rigueur, la capacité à travailler sous pression, l’organisation, et même le goût du café instantané – autant de compétences précieuses acquises entre les murs de l’université ! Se former, c’est aussi se transformer : l’on devient une personne avec une discipline et des habitudes de travail que l’on peine parfois à obtenir par la simple “école de la vie”.
Et oui, même si vous ne finissez pas PDG d’une multinationale, avoir un diplôme peut vous aider à gravir les échelons de manière plus rapide et stable, même dans des domaines comme l’entrepreneuriat, où la débrouillardise est souvent vue comme essentielle.
Bref, un diplôme, ça ne fait pas tout, mais…
Certes, obtenir un diplôme ne garantit pas à 100 % la réussite – personne n’a promis de rendre le chemin sans embûches ni virages serrés. Mais il faut bien l’admettre : à Madagascar, comme ailleurs, ce bout de papier a encore une grande valeur. Il ouvre des portes, il inspire la confiance et il reste un atout majeur dans un marché de l’emploi qui n’est pas des plus faciles.
Alors oui, vous pouvez vous en passer, et miser sur la chance, le talent brut et quelques connexions bien placées. Mais pour la majorité d’entre nous, le diplôme reste un bouclier rassurant dans l’arène professionnelle, un filet de sécurité dans un environnement où peu d’autres garanties existent. Et après tout, comme disait un vieux prof de philo un peu grincheux : “Entre être diplômé et autodidacte, la différence, c’est un peu comme jouer au poker : vous pouvez gagner sans les bonnes cartes, mais, honnêtement, avec un bon jeu en main, c’est quand même plus facile.”